LES AILES DU DESIR

février 6th, 2007

“LES AILES DU DESIR” (1987 ,Prix de la mise en scène à Cannes) est un film, une oeuvre à part dans l’histoire du cinéma, Winders nous fait entrer dans le domaine du secret, de l’intime, la voix off prend une place très particulière, car ce n’est pas un voix off classique, elle est le miroir de l’existence que l’on découvre et que l’on écoute, elle nous promène dans le quotidien de la vie, de nos vies. Le corps est posé, la voix et l’oreille, l’écran est à double face, il montre l’image et en même temps, il est aussi ce que l’on écoute, ce qui peut paraître évident, mais Wim Wenders va plus loin car ce que l’on écoute n’est pas dit, ce que j’entends n’est pas la bande son, c’est autre chose. C’est une sensation très particulière, une sensation à la fois de gêne et de curiosité. Dans ce film je ne pars pas, j’atteris, je me rapproche lentement de mes semblables, la caméra est prudente, pudique, elle vise un trou dans une tour, une fenêtre, puis elle vise et pénétre un visage, des visages, des corps, de femmes et d’hommes, ils sont pris, ils voulaient être pris. Personne ne résiste, le dévoilement de leur âme les rend comme dépossédés de leur corps en noir et blanc. Qui écoute ces âmes ? Qui écoute ces corps ? Qui écoute cette ambulance ? Qui écoute la désillusion ? Qui écoute l’abandon ? Dieu ? Un autre Dieu, qui descend d’un ciel ? Un temps …..”Lorsque l’enfant était enfant…” Seul les enfants voient cet Autre là, qui se cache dans le corps des adultes .Pourtant le mur de Berlin est là , la ville de Berlin est toute là ,la réalité est sommée de ce montrer . L’homme sépare , hurle , rejette d’un bloc celui d’en face , celui qui lui reviendra un jour en pleine face .Winders pose le temps comme l’abre à l’autome pose sa feuille sur le sol , il regarde le temps , il regarde de très haut , mais à cette hauteur y a t-il encore des humains ? Faut-il être si loin pour les apercevoir ? Être en appesanteur , comme suspendue , au bord du vide , du vertige…. N’est pas peur , les anges sont là pour te protéger de tes erreurs , n’est pas peur les anges sont là pour te soulager de ta souffrance , guerrir de tes terreurs , mais cela ne suffit pas une femme est là,  SOLVEIG DOMMARTIN ( Marion) ,elle se balance dans le cirque de la vie , elle est en partence , il n’y a plus de spectateurs , les sièges sont vides ,mais le Désir est plus fort que la raison , le Désir emporte tout sur son passage , sur son envol : LES AILES DU DESIR .

“Les limites de mon corps sont plus étroites que les limites de mon désir ” JD NASIO .

Un film comme beaucoup de film qui raconte une histoire d’amour , mais pour être il faut perdre , pour aimé il faut perdre , il faut chercher , courir , recourir , se faire de chair , d’os , pouvoir tomber ,se relever , tout deviens actif , réactif , les pieds sur terre , saigner de son coprs , l’amour est là , il a encerclé le mur de Berlin , le mur n’est plus un mur, un homme arrive , il est né du mythe de l’ange , un homme est né, il est né projeté sur le sol , la vie est là présente , respirer , boire , avoir froid , soif , voir , soupirer …. être là , être ici , si cher à Maldinay .

L’ange écoute , écoutait , là il cours dans cette avenue , et là il voit , il regarde , et surtout il parle , les mots sont les siens , la parole deviens du même coup humaine , elle est liante , elle s’adresse non pas seulement à elle même ,mais à l’autre , celui que je vois , celui qui me voit . Cette parole vrais à un visage qui est visible , l’ange entend mais il n’a pas la parole , il est le gardien car il est muet , il est privé de la parole , il est muet comme le psychanalyste ,mais pas sourd , il écoute , pourtant l’ange comme l’analyste , protège son semblable .

Je quitte l’imaginaire , je me rapproche d’elle , elle est perdue toute en couleur , assise sur un tabouret , devant se verre de solitude . Le cirque n’est plus , elle chantonne comme toujours , comme l’enfant qui est en elle , je me rapproche trop et pourtant elle reste là , à cette limite précise où le toucher de nos corps révélent l’image qui est en nous . Voilà c’est fait , elle est là, et tout nous réunis pour un jour et une nuit et peut-être… Nous nous reconnaissons,nous nous étions quittés un jour sans pouvoir nous séparer… sans jamais nous oublier.

Avec Bruno Ganz-Solveig Dommartin-Otto Sander-Curt Bos-Peter Falk

Lumière Henri Alekan - Assistante à la mise en scène Claire Denis .

Ciné-Ville de Saint-Nazaire,
le 8 Mars,
séance à 20H.

Business Broker

CINEMA SINGULIER 25 JANVIER

janvier 16th, 2007

Dans le cadre de Cinéma Singulier , Rémy Sérillon et Dominique Bichon , présentent le film de Roy Andersson , CHANSON DU DEUXIEME ETAGE le Jeudi 25 Janvier à 20H Ciné ville de Saint-Nazaire .

Dominique Bichon a eu la chance de rencontrer Serge Daney , et c’est aussi dans cet esprit que se déroulera cette séance , avec une position et un rendez-vous sur et dans l’image , d’un point de vue psychanalytique .

Position différente entre Deleuze et un certain Lacan ou encore de Sibony sur l’enjeu de la construction d’un récit , d’une simple image .

Roy Andersson , avant tout publicitaire, expose , s’expose , dans ce film , sur cette fonction du plan séquence ,d’un cadre extrème , d’un bord de fuite étonnnant , d’une profondeur de champ . Bien sur,  Edward Hopper est  ici allimenté par cette solitude de l’immobile , comme une fixation impossible . L’enjeu est autour des corps,  la Femme attend , elle attend un retour , celui non pas d’un homme , mais d’un être perdu , qui n’appelle jamais , qui est toujours en retard , de la vie comme de la mort . Seul le lieu d’un fils fou ,( l’âme du poète )  est le lieu de la parole cette parole impossible , alors c’est dans le chant , dans une forme primaire de la voix que s’élabore le cris de notre impuissance .Pourtant le tragique et l’humour sont comme des solutions , mais la paralysie des humains résonnent , l’inéfficacité de l’action de toute action , est plus forte que le Désir . Chaque personnage transporte dans ce chaos , l’ébauche d’une mélancolie  , il n’y a plus de croyance , Dieu et tout le reste vole en éclat ,et tout le monde , mort comme non mort ( vivant ?  ) se retrouve dans une immense poubelle , celle de la honte d’avoir été présent , que présent …

Ce film est dans la logique de Bresson , des gens de la rue , du métro , d’une gare … acteurs d’un moment , d’un simple moment .

Business Broker